Les puissances autres d’Hélène Cixous
Il faut bien aimer est le deuxième volume de l'édition du Séminaire d'Hélène Cixous, englobant une période riche et féconde de trois ans, allant de novembre 2004 à juin 2007. Inauguré en 1974 à l'Université Paris 8 Vincennes, ce Séminaire s'inscrit comme un jalon essentiel dans le panorama intellectuel français des cinquante dernières années, aux côtés d'éminents penseurs tels que Derrida, Foucault, Lacan, Barthes et Deleuze.
Au cœur de ce texte foisonnant et hybride, Proust apparaît comme l'une des figures centrales, tandis qu'Hélène Cixous lui-même s'exprime souvent à la première personne, donnant à son analyse une dimension narrative captivante. Parmi les autres voix remarquables qui ponctuent cette œuvre — à l'instar de Balzac, Beckett, Benjamin, Flaubert, Freud, Goethe, Hofmannsthal, Hugo, Kafka, Lispector, Montaigne et Rimbaud — Jacques Derrida se distingue particulièrement. Ce dernier participe même à un passionnant « duel » intellectuel avec Proust, abordant avec subtilité la distinction entre la « théorie » et la littérature, et enrichissant ainsi le débat sur la nature même de l'écriture.
Il faut bien aimer se présente comme un hymne aux « puissances autres » de la littérature, une expression chère à Hélène Cixous. Loin de constituer un luxe superflu, la lecture se révèle essentielle, nous incitant à plonger profondément dans les mots, à écouter le texte vibrer et respirer jusqu’à la moindre virgule. Cixous nous rappelle que la littérature n’est pas seulement un espace de réflexion, mais un véritable souffle, une invitation à explorer les innombrables nuances de la pensée et de l'émotion humaine.
Hélène Cixous, Il faut bien aimer, Gallimard