Le visage chahuté de Nana Mulenga
Le visage présenté par l'autrice dans cette autobiographie, loin d’être simplement tronqué (selon ses mots) présente la complexité d’une âme en perpétuelle évolution, une lutte intérieure pour donner un sens à son identité. Les fils de Nana Mulenga prennent naissance à l’ouest, mêlés de nuances riches et profondes, portant en eux les traces de l’Afrique du Sud, de ses terres et de ses racines. En traversant l’océan Atlantique, ils s’étirent, puis se replient, révélant un mouvement continu, une circulation sans fin.
Cette quête de soi se trouve ainsi tiraillée entre ses origines africaines et ses parcours à travers l’Amérique et l’Europe, dans une tension à la fois douloureuse et douce. L'écriture pourrait se figer, alors qu’elle doit continuer à voyager, au rythme de cette
musique intérieure qui, comme le soleil couchant, éclaire tout en
cachant un passé d’esclavage, de migrations, de rêves déçus.
Non, ce visage n'est pas tronqué. Il incarne plutôt la tension entre la construction de l’identité et sa fuite, entre la mémoire profonde et la modernité qui ne cesse de la remettre en question.
Nana Mulenga, Chahut, La rose verte