La Catalogne irlandaise d'Adèle O'Longh
Adèle O’Longh revient avec un roman surprenant qui s'inscrit dans la grande tradition des récits de détectives anglo-saxons. En revisitant le genre avec une généreuse touche de fantaisie alliée à un réalisme contemporain, elle réussit à concevoir l'une de ces œuvres inclassables que l'on est heureux de croiser.
Dans la ville de Barcelone, l'autrice met en scène deux détectives privées très spéciales, une moniale zen d'une sérénité inébranlable et une jeune rockeuse désorientée mais dotée d'une grande acuité psychologique. Ces personnages, accompagnés d'une pléthore d'autres figures tout aussi excentriques, dont certaines sont résolument fantastiques comme la chamano-sorcière Mani, réussissent à injecter de l'humour dans un récit polyphonique dynamique, et ce, malgré la gravité des thèmes abordés, tels que le harcèlement, la pédocriminalité et les féminicides.
Est-ce l'effet d'un retour à ses racines irlandaises ? Adèle O’Longh connaît ses classiques. Son héroïne, Laia May, évoque une version modernisée de l’Imogène écossaise de Charles Exbrayat, réincarnée en nonne bouddhiste, poussée à affronter les sombres réalités des violences faites aux femmes. Si les époques et les contextes diffèrent, le fil narratif et la qualité des personnages demeurent une référence indéniable au genre.
Nous souhaitons une belle longévité à cet ouvrage, qui résonne avec une actualité tragique, notamment parce que l'un de ses protagonistes est chirurgien, en espérant retrouver nos détectives dans un prochain livre.
Adèle O'Longh, SAJ, Une enquête de Laia May, Après la Lune