Revenir à Michel Leiris

Gallimard publie une édition revue et augmentée du Journal de Michel Leiris en Quarto, d'un coffret réunissant les quatre volumes de son œuvre autobiographique La Règle du jeu et d'une correspondance inédite avec Marcel Jouhandeau permettant de redécouvrir la vie et l’œuvre de l'ethnologue qui fit de la langue un outil de recherche introspective.

Le cycle de La Règle du jeu constitue une vaste entreprise autobiographique. Tout en étudiant sur le terrain les phénomènes du merveilleux et du sacré qui le passionnent, Leiris devient son propre terrain d’observation. En explorant ses souvenirs d’enfance, en faisant son autoportrait, il interroge ce qui le fait écrire et ce que signifie écrire sur soi. Faut-il tout dire ? Comment, en écrivant, ne pas fausser la vérité ? Écrire ainsi n’aura-t-il pas des conséquences nuisibles sur la vie réelle ? Devenir un écrivain a pu lui sembler le mettre bourgeoisement à l’abri de risques physiques : écrivant, il se rendra compte qu’il a, finalement, payé de sa personne. 

Michel Leiris, La règle du jeu. Quatre volumes sous coffret. Gallimard, coll. « L’Imaginaire »

Le journal de Michel Leiris, qu’il a tenu presque sans interruption de 1922 à 1989, deviendra la pierre angulaire de ses écrits à la fois poétiques, autobiographiques et ethnographiques. Prises sur le vif, composées au fil des jours, au gré des événements, des humeurs, des voyages, des rencontres ou des discussions, les notations consignées reflètent le mouvement des pensées et des inventions de leur auteur. Comme une conversation « à bâtons rompus » avec soi-même, ce Journal fait voir « du dedans » les attraits – les déconvenues aussi – que Leiris a eus pour le surréalisme, la psychanalyse, l’existentialisme… ou pour les luttes prolétariennes, les révoltes anticolonialistes et les prises de position tiers-mondistes qui ont marqué tout le XXe siècle.

Journal 1922-1989, Gallimard

Une nuit de mars 1924, le jeune apprenti poète et l’auteur admiré de Monsieur Godeau intime ont vécu ensemble « quelque chose qui s’est passé dans l’Absolu », comme l’écrira Michel Leiris. Dans les années vingt, les deux hommes ont conclu un pacte secret, rimbaldien, que cette correspondance inédite révèle.
Ce volume rassemble une centaine de lettres échangées pendant près de cinquante ans, malgré de graves ruptures avant et pendant la guerre. Des extraits des cahiers et journaux intimes de Leiris et de Jouhandeau, ainsi qu’une chronologie croisée, témoignent également de cette déterminante « amitié sous la cendre ». 

Marcel Jouhandeau, Michel Leiris. Correspondance (1923-1977), Gallimard

 


Posts les plus consultés de ce blog

Le candidat à la présidentielle Victor Hugo

Le neuvième royaume de Sylvia Plath

La leçon de bravoure de Joy Harjo